Je suis outrée par le non respect, ou plutôt le mauvais respect du confinement – car il ne faut ni généraliser ni oublier que nombreux sont ceux qui s’y tiennent.
Mon coup de gueule n’est pas basé sur des constatations que j’aurais fait dans la rue à la va vite, je suis enfermée chez moi et ne me suis autorisée qu’une seule sortie au supermarché depuis 11 jours, ainsi que quelques footings d’une demi-heure max autour du pâté de maisons, sans croiser personne hormis un ou deux badauds qui sortaient le chien ou le bébé (c’est sûr que c’est sûrement plus facile de ne croiser personne dans les écarts d’une petite ville qu’en plein paris mais bref, dans le cas contraire je n’y aurais pas été).
En revanche, je me rends compte de ce qui se passe dans mon administration, dans laquelle on n’assure pas de service de proximité à la population. On a la chance d’être tous équipés pour télétravailler (sauf quelques personnes qui sont en autorisation d’absence). Le PCA prévoit la présence quotidienne de 4 personnes sur site, soit 1/5ème des effectifs. Plusieurs collègues continuent de passer tous les jours la tête au bureau, pour s’aérer un peu, même s’ils habitent à plus de 2 km. Quelques-uns même continuent de venir à peu près comme d’habitude (sans doute que c’est difficile de travailler à la maison avec les enfants, même si ceux-là chantaient les louanges du télétravail le mercredi pas plus tard qu’il y a quelques semaines).
J’ai de nombreux soignants dans mon entourage qui sont obligés d’aller travailler avec un minimum d’équipements de protection. Tous sont inquiets de l’évolution de la situation (et même pas particulièrement pour eux-mêmes). Ils ne nous demandent qu’une seule chose : rester chez nous parce qu’on ne peut rien faire d’autre pour les soulager.
Il sera toujours temps, ultérieurement, de critiquer la gestion qui est faite de la crise, son anticipation, la manière dont est traitée le système de santé (et son personnel) depuis des décennies, mais aujourd’hui on ne peut pas réécrire l’histoire : alors pourquoi les gens ne comprennent-ils pas qu’ils doivent rester chez eux
Certains disent que cette crise nous permettra de repartir sur de nouvelles bases, mais pour moi, c’est l’individualisme extrême de la société qui est démontré depuis une quinzaine de jours : les gens riches qui fuient paris parce qu’ils pensent à leur propre santé et pas à celle des autres, ceux qui estiment qu’ils ne peuvent pas tomber malades et qui sortent tous les jours pour la baguette, ceux qui pensent que leur travail est plus important que celui des autres et qui continuent d’y aller alors qu’ils en sont dispensés… D'une manière ou d'une autre, nombreux sont ceux qui pensent qu'ils sont plus importants que les autres.
Au fond, je trouve ça triste d’en être arrivé là.